Je l’ai lu d’une traite, tenue en haleine par le rythme, la tension, les espaces, des rayures, des vides et des soulignages ; partout des yeux jouent avec les lignes, les mots, le personnage, la(une?) relation. Dans la première partie, Elles sont là, mais rayées et n’existent pas en tant que sujet.
Ça tangue dans le coeur, c’est la tempête dans les mots et dans le corps. J’ai retrouvé dans cette poésie la brutalité du personnage de Molière, sa capacité à jeter le chaud et le froid et à ériger la séduction, le cynisme, la manipulation en manière d’entrer dans la relation. Dom Juan est-il mort ? La question posée par le jeu des mots du titre, puis ton texte, mêle l’intime, l’histoire et le personnage. Le monde est encore peuplé d’orateurs, séducteurs et manipulateurs, cherchant à annuler l’autre. Dans la deuxième partie, Elles sont soulignées, Elles sont là, Elles cherchent son coeur quand lui ne cherche qu’à profiter et jouir.
Il y a dans ce texte une lutte ardente entre un homme et une femme, entre manières d’être homme, manières d’être femme. Il y a autant de pierre que de feu et cette ambivalence jusqu’au bout, jusqu’à la décision finale sauvée tenue par les traits.
Des Cendre.s de Dom Juan, Isabelle Monin, 2021, éditions Bruno Guattari
découvert à la librairie Le goût des mots
article par Céline Dessaigne
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